La féminisation d’ECTI : une évolution historique ?
Un regard très documenté de Martine COILLOT ECTI 85,
membre du Comité de rédaction et administrateur de notre réseau Linkedin
Il y a 40 ans à la création d’ECTI, les adhérents étaient essentiellement masculins, non par choix mais en conséquence de carrières à l’époque presque exclusivement masculines.
Les temps ont heureusement évolué et les femmes s’intéressent de plus en plus à ECTI (et inversement) même si notre Association ne ressemble pas encore à la nouvelle Assemblée Nationale.
Faisons le point !
En fait aujourd’hui la sous-représentation féminine au sein d’Ecti est le miroir de notre société.
Au 31/03/2017 : les adhérents ECTI sont 2.250 avec une répartition de 2029 hommes et 221 femmes soit respectivement 90% et 10 %
Pour la région Pays de la Loire, la répartition est légèrement supérieure (pour 138 adhérents la répartition est de 88% pour les hommes et 12% pour les hommes.
Ce qui semble être significatif depuis 3 ans au total de l’association est une tendance au recrutement de nouveaux experts qui est proche annuellement de 250 personnes, cette progression est de 12% en 2014 puis 13% en 2015 enfin 2016 17% soit 43 femmes.
Comment expliquer ce phénomène ?
Serait-ce que notre association, historiquement avait fondé une politique de recrutement masculin ?
Les femmes seraient-elles réfractaires à un transfert de connaissances et d’expérience ?
Devons-nous mettre en œuvre une discrimination positive en faveur des femmes ?
On peut trouver des éléments de réponses dans des études sociologiques de Guillaume Mallochet,
« La féminisation d’un métier ou d’une profession désigne généralement la croissance du nombre de femmes dans une activité identifiée comme masculine, au vu de l’hégémonie des personnels masculins en son sein et/ou des « qualités » socialement jugées nécessaires pour l’exercer. La féminisation peut recomposer la frontière entre métiers féminins et masculins, en en subvertissant la hiérarchie. Elle renvoie alors à l’ouverture discrète vers des femmes qui, progressivement, contribuent à transformer les représentations et les comportements masculins. »
Des travaux relèvent les multiples embûches rencontrées par des femmes diplômées et qualifiées lorsqu’elles choisissent d’entrer dans des univers dont le prestige se conjugue au masculin.
Longtemps des craintes masculines sur la dévalorisation induite par l’arrivée des femmes, la division du travail, révèlent les principes de différenciation et de hiérarchisation entre les tâches masculines et féminines, et la gestion des carrières, qui se heurte bien souvent à des formes tacites de discriminations
La thématique de la conciliation entre activité professionnelle et responsabilités familiales se trouve elle aussi souvent développée. Ces femmes qui investissent des univers masculins doivent en effet affronter des représentations tenaces sur leurs rôles d’épouses et de mères. Celles-ci peuvent se concrétiser par des mécanismes institutionnels qui aboutissent à allonger les carrières des femmes et à rendre leur accès aux postes à responsabilités plus complexe.
La solution me semble plutôt sociétale : en regardant certaines études, même anciennes, on découvre un découpage des métiers en 10 ans qui a tendance à évoluer (cf. tableau ci-dessous)
La moitié de l'emploi féminin tient en dix métiers
Famille professionnelle |
Effectifs 2011 |
Évolution 1999-2011 (en %) |
Part des femmes dans le métier (en %) |
||
en 2011 |
en 1999 |
||||
Métiers employant le plus de femmes |
|||||
Enseignants |
71 540 |
3 |
69 |
66 |
|
Agents d'entretien |
70 560 |
-14 |
74 |
73 |
|
Employés administratifs de la fonction publique |
58 720 |
-14 |
75 |
76 |
|
Vendeurs |
54 130 |
18 |
77 |
76 |
|
Aides-soignants |
53 040 |
38 |
92 |
92 |
|
Infirmiers, sages-femmes |
50 280 |
14 |
88 |
89 |
|
Secrétaires |
39 230 |
-31 |
98 |
99 |
|
Assistantes maternelles |
38 240 |
3 |
99 |
99 |
|
Aides à domicile et aides ménagères |
37 190 |
67 |
97 |
99 |
|
Employés administratifs d'entreprise |
36 480 |
16 |
79 |
82 |
|
Métiers où les effectifs féminins ont plus que doublé entre 1999 et 2011 (effectifs > 3 000) |
|||||
Cadres des services administratifs, comptables et financiers |
28 470 |
162 |
45 |
36 |
|
Cadres commerciaux et technico-commerciaux |
11 420 |
107 |
27 |
16 |
|
Personnels d'études et de recherche |
8 890 |
118 |
24 |
17 |
|
Techniciens et agents de maîtrise de la maintenance |
6 880 |
189 |
14 |
7 |
|
Ingénieurs et cadres techniques de l'industrie |
6 680 |
334 |
21 |
9 |
|
Armée, police, pompiers |
4 380 |
138 |
14 |
6 |
|
Professionnels du droit (hors juristes en entreprise) |
4 140 |
105 |
59 |
42 |
|
Maraîchers, jardiniers, viticulteurs |
3 480 |
110 |
20 |
15 |
|
Cadres du bâtiment et des travaux publics |
3 400 |
385 |
22 |
14 |
Cela est très parlant : on se rend compte du chemin qui est amorcé depuis une trentaine d’année.
Ce constat simple doit conduire à poursuivre l’évolution amorcée depuis 2014 afin que des femmes expertes apportent leur contribution : la mixité des métiers où les femmes sont moins représentées ne doit pas être une fatalité.
Recruter des femmes prêtes à s’investir avec dynamisme, cela ne peut que contribuer à rééquilibrer progressivement ce déficit de représentation
Sans en rechercher une parité devons-nous réfléchir à une campagne de recrutement plus ciblée ?
Notre association est riche de ses hommes et de femmes complémentaires qui par leurs compétences, valeurs, investissements personnels, expériences, volonté de transmettre et d’assister, s’enrichissent mutuellement au quotidien.
La priorité est, au travers de l’accompagnement dans la réussite de projets,
de vivre une retraite riche et active :
ce bénévolat sénior féminin de compétence, soyons confiant, va progresser
car chacun peut le promouvoir, l’accomplir maintenant que le plafond de « verre* » est brisé.
* le plafond de verre est une expression américaine datant de la fin des années 70. Il désigne les « freins invisibles » à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques.